langage
L’Enfant absolu
Dans ce nouvel épisode de ses Poésies à Problèmes, Pierre Vinclair revient, afin de la préciser et de l’approfondir, sur la distinction précédemment esquissée entre poésie et philosophie et le rôle qu’y joue la coupure : celle du poème tranchant dans le flux mondain et celle du concept articulant le « tout coupé ». Il s’agit, au fil d’une lecture de L’État d’enfance IV de l’écrivain et poète Hervé Piekarski, de penser l’ambivalence de notre relation à l’absolu, que la philosophie représente (ou croit pouvoir représenter) par des mots dont elle verrouille le sens (des concepts) et que la poésie, elle, cherche au bout (ou au milieu) d’un labyrinthe de failles et d’évènements linguistiques (par le travail des formes). Si la première est construction (d’un « arrière-monde »), la seconde est expérience (d’un « anti-monde »).
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Le domaine de la vie
Dans Le domaine de la vie, livre dont Hortense Raynal nous offre ici un extrait, l’écriture rejoue la singulière présence au monde d’une ou plusieurs femmes dont le cerveau et la voix sont dits neuroatypiques. Le texte témoigne du permanent décryptage, du rapport fractionné au langage, de l’invention effrénée, des possibles ajustements de celle qui veut faire corps, depuis sa marge, avec le social. Souvenirs, perceptions, informations, mots, visages sont identifiés, pour en démasquer l’implicite, l’incompris, pour les relier selon un mode d’intelligence que l’autrice sort de l’inédit. Au-delà du champ de la neuropsychologie, ce poème rappelle aussi la fragilité des relations à soi et aux autres, et l’apprentissage continuel qu’est une tentative d’adaptation.
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