La confession, première station sur une voie mystique

Ahmed Ghazali était un ingénieur géophysicen, muséologue, écrivain de théâtre et philosophe, marocain mais aussi canadien et espagnol, mort brutalement cet été par accident dans le désert du Sahara. Les Temps qui restent publient ici un texte inédit de cet auteur important, dont la postérité ne fait que commencer. On y retrouve toutes les dimensions de son œuvre, à la fois méditative et sensible, intime et universelle. En écho avec les grands existentialistes de la tradition occidentale dont il se détache, il défend l’idée que la forme de la confession résout la tension entre le philosophique et le littéraire, l’idée et le poème, l’oeuvre et la personne, mais à condition que le Moi ne se reprenne que pour se perdre dans un geste mystique définitif, qui se revendique d’Ibn Arabî. Un beau texte en héritage.

En guise de préface (par Peter Wagner)

Ahmed Ghazali et moi nous sommes rencontrés pour la première fois pour parler de la longue durée dans l’histoire des civilisations, en particulier des civilisations monothéistes. J’ai commencé cette conversation avec ma déformation professionnelle de sociologue, pensant qu’on me demandait des conseils d’universitaire. Mais Ahmed s’intéressait au thème lui-même, et non à son cadrage, académique ou autre. Ce fut le début d’une amitié intense mais de courte durée, qui s’est terminée par la mort violente d’Ahmed lorsqu’il a été renversé par une voiture le matin du 27 juillet 2024 à Laâyoune dans le désert du Sahara.

Ahmed était un passeur entre les mondes – espaces, langues, domaines de travail, genres d’écriture et conceptions du monde. Il était ingénieur, dramaturge, romancier, muséologue et bien plus encore. Observateur aigu des différences et des frontières, il s’efforçait toujours de relier et de rassembler, de passer de l’un à l’autre.

Le texte qui suit est un des nombreux textes posthumes que sa mort subite ne lui a pas permis de publier. Il a été commencé en 1999 et réécrit en 2021. Il part du clivage entre philosophie et littérature, ou entre raison et imagination, comme l'un des « dualismes innombrables de la philosophie occidentale », et il explore les moyens de le dépasser. Contrairement à d'autres écrits, le texte explore ce dualisme dans la forme ainsi que dans le contenu. C'est donc un texte qui se veut lit…

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